Yves michaud. « Christine Barbe voyage beaucoup ».
Livre « Ateliers au féminin ». Photographies Catherine Panchout. Éditions « Au même titre ». 1999
Série « Mon atelier imaginaire » de Catherine Panchout. Cet ouvrage a été réalisé avec le soutiens de la Fondation d’entreprise Coprim, pour la promotion de l’art contemporain.
Les lignes d’introduction
« …L’unité de toutes ces démarches est à chercher du côté d’un sentiment des êtres et des moments de la vie. Christine Barbe est sensible au décalage constant entre les rêves et ce qu’il advient d’eux dans la réalité, entre ce que les personnes se voudraient et ce qu’elles sont effectivement dans leur vie… »
Christine Barbe voyage beaucoup – pour des séjours d’une certaine durée qui marquent son travail et correspondent chaque fois à des étapes importantes de sa recherche. Elle a ainsi vécu au Maroc, en Californie et à New York, puis de nouveau en France depuis 1990.
Ayant fait des études d’art plastique et de cinéma, elle s’est tenue pendant longtemps à l’écart de la couleur. Elle ne l’a abordée qu’au moment de son séjour au Maroc. Ensuite, elle a transporté sa palette marocaine aux États-Unis. Là-bas, elle a développé une peinture à la fois expressionniste et figurative, qui prenait pour thème des moments de la vie sociale quotidienne, en les juxtaposant comme des collages. Elle travaillait à partir de croquis fais au jour le jour. La réalité montrée dans ses peintures est alors celle d’une mosaïque de moments, de personnages et de scènes, des montages de vécu et de sensation dans un environnement neutre et surtout non humain, soumis à des tensions fortes et proches de la dislocation. Il est difficile de ne pas penser à des travaux comme ceux des néo-expressionnistes allemands dans les années 80.
A son retour en France, elle a entrepris de travailler sur la mémoire. Elle projette des négatifs de lieux ou de visages amis sur des supports qui vont de la fresque à la pierre des pavés et donne ainsi corps à un rêve de communauté constituée.
En ce moment, elle envisage de revenir au cinéma et à la vidéo. Elle part de fragments d’images photographiées sur ses toiles, les numérise, les retravaille sur ordinateur et les recyclent agrandis dans des sérigraphies.
L’unité de toutes ces démarches est à chercher du côté d’un sentiment des êtres et des moments de la vie. Christine Barbe est sensible au décalage constant entre le »s rêves et ce qu’il advient d’eux dans la réalité, entre ce que les personnes se voudraient et ce qu’elles sont effectivement dans leur vie. Elle perçoit sans cesse ce décalage qui devient le moteur de ses travaux.
De là ses opérations de collage, de recyclage, de transfert, de reprises des images et des signes. Elle tente inlassablement de recomposer un monde toujours divisé et saturé de clichés, de le remettre en forme tout en étant bien consciente que rien ne parviendra à dissimuler cette division.